La biologie au service de la prise de décision et de la prise en charge thérapeutique
Le concept de thérapies ciblées a émergé face à un constat : la chimiothérapie est un traitement important, utile, mais pas assez spécifique. On sait maintenant, notamment grâce aux recherches sur les gènes à l’œuvre dans le fonctionnement de la tumeur, qu’une seule thérapie ciblée ne suffit pas et qu’il est a priori nécessaire de combiner les thérapies ciblées, les différentes approches thérapeutiques.
L’enjeu des prochaines années : que chaque malade bénéficie de la description la plus complète possible de sa maladie et qu’elle soit traitée de la meilleure façon possible au regard de l’arsenal thérapeutique disponible. Ce, grâce à une médecine de précision moléculaire et prédictive qui, forte des apports de la biologie et de l’oncogénétique, sera plus efficace sur la tumeur et encore mieux supportée par les patientes, avec des impacts concrets et réels en termes de bénéfices (survie, qualité de vie, baisse du nombre de récidives).
La biologie, outil d’aide à la désescalade thérapeutique pour les cancers du sein localisés
Grâce, entre autres, aux campagnes de dépistage, de plus en plus de cancers du sein sont détectés tôt, à un stade où la tumeur, peu développée, reste localisée, sans atteinte des ganglions axillaires (ganglions situés dans le creux de l’aisselle). Des cancers que, dans la plupart des cas, la médecine d’aujourd’hui sait guérir. Mais pour prévenir le risque de métastases, bien souvent, une chimiothérapie dite « adjuvante » est délivrée après le traitement local (chirurgie notamment).
Or toutes les patientes concernées par ce traitement adjuvant ne présentent pas les mêmes risques de rechute et de métastases. Au nom du risque de récidive de quelques-unes et du principe de précaution, beaucoup subissent donc une chimiothérapie, avec les impacts et les effets secondaires que l’on sait. Ce, alors que dans 70 % à 75 % des cas de cancer du sein localisé, il est possible de réduire ce risque de métastases avec un traitement anti-hormonal.
Comment différencier ces femmes en fonction du risque réel ? Et, dans un souci de désescalade thérapeutique et de mieux-être, ne prescrire une chimiothérapie adjuvante qu’à bon escient ?
De nouveaux outils, potentiels futurs facteurs pronostiques, sont maintenant disponibles. Il s’agit des signatures génomiques, combinaisons d’expressions de gènes. L’existence d’une signature de bon pronostic au sein de la tumeur opérée pourrait éviter une chimiothérapie adjuvante, lourde, coûteuse et dans ce cas inutile.
A l’évidence, en permettant de prédire le risque de rechute des malades opérées d’un cancer du sein localisé et donc ne prescrire une chimiothérapie adjuvante qu’aux femmes qui en ont vraiment besoin, cette nouvelle approche thérapeutique favoriserait la désescalade thérapeutique. L’Institut Paoli-Calmettes participe à des essais sur ce thème. Les résultats, attendus, s’ils parviennent à préciser les bonnes indications de chimiothérapie dans les cas à faible risque, auront un impact certain sur le quotidien d’un certain nombre de malades.